Katherine PANCOL
La Mariée portait des bottes jaunes
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Katherine PANCOL
La Mariée portait des bottes jaunes
La naissance d’un livre, c’est quelque chose de très mystérieux !
L’histoire : Quand leur mère les dépose devant la grille du château de Berléac, Louis et India, 8 et 10 ans, ne savent pas ce qui les attend. Ils vont devoir apprendre les codes d’une grande famille bordelaise. Sans le savoir, avec leurs questions, leurs étonnements, ils vont faire exploser les secrets, les lâchetés, les belles apparences de tous les personnages. Que de trahisons, de faux-semblants, d’avidité dans cette demeure prestigieuse où chacun joue un rôle et entend prendre le pouvoir !
Qu’est-ce qui vous a donné le goût de l’écriture ?
Katherine Pancol La lecture. Elle a changé ma vie. Avec une mère institutrice, j’ai appris à lire et à écrire très tôt. En plus d’être une excellente pédagogue, elle avait une manière d’enseigner très ludique. Pour écrire le “a” minuscule, elle me disait de dessiner un énorme monsieur qui avait mangé trop de gâteaux et de bonbons, et marchait avec une canne à l’envers !
Quelles étaient vos lectures ?
K.P. Sans famille d’Hector Malo est le premier livre qui m’a marquée. Lorsque, avec ma famille, nous avons quitté Casablanca pour rentrer en France, la vie n’était pas facile. Je passais mes journées à la bibliothèque municipale. J’étais boulimique, je lisais tout ce qui me tombait sous la main et me réfugiais dans les livres.
Vous avez commencé à travailler dans le journalisme. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ?
K.P. Au collège, j’écrivais avec une copine un petit journal qui s’appelait Scoop. Plus tard, je suis devenue journaliste et j’ai appris le métier grâce à Juliette Boisriveaud, la cofondatrice de Cosmopolitan, une femme extraordinaire. C’est elle qui m’a encouragée à écrire, parce qu’elle voyait que je lisais beaucoup et “cliquais” avec les mots. Ma rencontre avec Robert Laffont a été décisive. Il m’a téléphoné un jour en me disant “Écrivez-moi un roman” et a insisté jusqu’à ce que je dise oui, convaincue par son enthousiasme ! J’adorais sa maison d’édition, l’une des premières à publier les auteurs américains en France : J.D. Salinger, Tennessee Williams…
Pourtant, votre éditeur a été le Seuil !
K.P. C’est une idée de Romain Gary, que j’ai rencontré à l’âge de 20 ans. Il m’a dit : “Tu es une femme, tu es blonde, tu es mignonne, tu travailles chez Cosmo, on ne va jamais te prendre au sérieux si tu n’as pas un éditeur germanopratin.” Il m’a conseillé d’aller déposer mon manuscrit chez Grasset ou au Seuil. Grâce à sa lettre de recommandation, mon roman est passé en haut de la pile.
Vous avez connu un succès massif à 25 ans. Comment l’avez-vous vécu ?
K.P. Comme quelque chose de très violent. La sortie et le succès immédiat de Moi d’abord ont été un traumatisme. Je passais de journaliste incognito à écrivaine sous les feux des projecteurs. Je n’étais pas préparée à un tel changement. Je suis partie vivre à New York, où je suis devenue correspondante pour Paris Match.
Comment analysez-vous ce succès ?
K.P. On ne peut pas expliquer pourquoi un livre devient un best-seller. C’est le fruit du hasard. Mon écriture et le thème correspondaient à ce que les gens avaient envie de lire à cette période-là, sans le savoir. Comme Françoise Sagan lorsqu’elle a écrit Bonjour tristesse à 18 ans. Elle ne s’attendait pas, elle non plus, à un tel triomphe.
Comment est né ce 21ème roman ?
K.P. Cela fonctionne toujours de la même façon. Ce n’est pas moi qui choisis le sujet, mais le sujet qui me choisit. À l’occasion de rencontres littéraires organisées par la librairie Mollat, à Bordeaux, j’ai découvert et visité les châteaux et les vignobles bordelais. Une amie m’a proposé de me rendre dans le domaine de son cousin afin d’assister aux vendanges. Pendant les 15 jours passés là-bas, j’ai pu échanger avec le maître de culture, les journaliers, le maître de chais… Cet univers à la Downtown Abbey m’a fascinée.
“Quand j’écris, je deviens tous les personnages”, dites-vous. Est-il nécessaire d’avoir plusieurs personnalités pour écrire des romans ?
K.P. Probablement. Pour ce roman, j’ai d’abord fait la connaissance d’Aliénor de Berléac, qui dirige le domaine après la mort de son mari. Ambroise, son fils, est arrivé ensuite. J’ai beaucoup aimé leurs rapports. Et puis Jacqueline, la première épouse d’Ambroise. Au début, je la trouvais un peu ennuyeuse ! En creusant, elle est devenue de plus en plus intéressante. Quand j’ai eu composé mes trois premiers personnages, l’histoire a démarré et d’autres personnages sont arrivés. Une fois l’action lancée, je ne peux plus les abandonner. Dès que j’entame un roman, j’ai besoin de m’immerger dans l’histoire.
Avez-vous des rituels d’écriture ?
K.P. J’écris tous les après-midis de 14 h à 19 h sans quitter ma chaise. Mon plus grand plaisir, c’est de mettre deux mots l’un à côté de l’autre et de voir ce que cela donne. Chaque auteur doit trouver sa propre musique. Dans les lettres de Colette à Marguerite Moreno, Colette dit : “Écris comme tu es, avec tes cinq sens, fais naître des émotions”. La naissance d’un livre, c’est une lente macération à l’intérieur de soi, quelque chose de très mystérieux. On ne peut pas l’expliquer.
Après la trilogie des crocodiles aux yeux jaunes, voici les bottes jaunes de la mariée… C’est votre couleur préférée ?
K.P. J’aime la musicalité du mot “Jaune”, “Vert”, “Bleu” ou “Noir” n’ont pas la même intensité sonore. “Rouge” aurait pu convenir, mais je préférais le jaune pour des bottes !
BIO EXPRESS :
Propos recueillis par Sandrine Tournigand
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