Hélène DUVAL
La grande prêtresse du Yoga
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Hélène DUVAL
La grande prêtresse du Yoga
En créant une marque écoresponsable de vêtements et d’accessoires de yoga alors que le marché n’en était qu’à ses balbutiements, Hélène Duval est devenue incontournable.
En l’espace de cinq ans, huit studios de yoga ont ouvert leurs portes, avec un concept unique en France.
Vous avez commencé votre carrière dans le secteur des médias. Pourquoi avez-vous eu envie de tout plaquer pour le yoga ?
Hélène Duval J’ai découvert le yoga à 20 ans. À mon retour d’un stage de fin d’études au Japon, ma meilleure amie, qui était partie à Los Angeles, ne tarissait pas d’éloges sur cette discipline. Elle voulait absolument que j’essaie. À l’époque, j’habitais dans le Marais. En bas de l’immeuble, il y avait un studio de yoga. Dès la première séance, j’ai eu comme une révélation. À travers le souffle et le travail postural, j’ai ressenti un profond bien-être physique et mental.
Dix ans plus tard, je quittais mon job dans la presse féminine pour transmettre ma passion. Je venais d’avoir des enfants et j’aspirais à changer mon chemin de vie. J’ai commencé à donner des cours particuliers, puis j’ai animé de grands événements de yoga. Le plus emblématique s’est déroulé au Grand Palais avec 2 000 personnes.
Vous étiez convaincue que la discipline allait se démocratiser ?
H.D. À l’époque, le yoga était réservé à des personnes “éveillées”. Il fallait être allé en Inde et avoir quelques notions de sanskrit, bref, être du sérail du yogi pour pratiquer.
La disciple véhiculait une image un peu sectaire. Il existait très peu de studios et, surtout, il n’y avait pas de vêtements réellement adaptés à la pratique. C’est ainsi que la marque Yuj a vu le jour en 2014. Les débuts ont été compliqués : en France, le marché était inexistant. J’ai été pugnace, avec l’intuition que la discipline allait faire de plus en plus d’adeptes. Aujourd’hui, on est à 7 millions de pratiquants en France, contre 3 millions quand j’ai démarré. C’est devenu un vrai phénomène de société.
Vous avez aussi créé une école de formation.
H.D. Avant d’être cheffe d’entreprise, je suis professeure de yoga ! Le jour où je ne donnerai plus de cours, l’heure sera grave ! Je suis très vigilante sur la manière dont on enseigne le yoga. Pour moi, il ne s’agit pas d’apprendre des postures aux élèves, mais de transmettre une énergie. Avec cette démocratisation de la pratique, le risque est de voir des professeurs de gym s’improviser professeurs de yoga. Or, le yoga, c’est tout sauf un sport et encore moins un cours de fitness. Yuj est la racine du mot yoga en sanskrit, qui signifie l’union du corps et du mental. C’est l’ambition première de cette discipline.
Pourquoi avoir choisi la Caisse d’Épargne Île-de-France pour vous accompagner ?
H.D. J’ai rencontré les équipes de la CEIDF à l’occasion de la remise du prix des Trophées femmes de l’économie 2019. J’étais parmi les cinq entrepreneures récompensées. Pour la petite histoire, ma banque de l’époque refusait de m’octroyer un crédit personnel… La CEIDF m’a immédiatement fait confiance. Deux jours après, je signais mon prêt !
Quelle était votre ambition au lancement de la marque ?
H.D. Ma priorité était de créer une marque écoresponsable. Presque tous nos vêtements sont fabriqués au Portugal selon un mode de production verticalisé, avec l’idée d’avoir le moins d’interlocuteurs possible. De la maille à la teinture, en passant par l’assemblage, tout se fait au sein d’une même usine afin de limiter l’empreinte carbone. Les tapis sont les seuls produits qu’on ne peut pas fabriquer en Europe, en l’absence de caoutchouc naturel.
Au lancement de la marque, j’ai eu de la chance d’être distribuée aux Galeries Lafayette le temps d’un pop-up store. On a ensuite ouvert un corner au Bon Marché. Aujourd’hui, Yuj est présente dans plus de 150 points de vente.
Puis sont venus les studios, avec un concept unique en France…
H.D. Forte d’une communauté de yogi qui grandissait, j’ai été prise dans le flow du développement de la marque. En 2017, j’ai inauguré un premier studio de yoga au pied de la tour Eiffel. Pendant mes cours, je me suis rapidement rendu compte que les élèves venaient lâcher leurs émotions et libérer leurs tensions. J’ai alors eu envie d’ouvrir un lieu où l’on puisse pratiquer dans l’obscurité, à la lueur des bougies. Ces espaces sont imaginés comme des refuges urbains, pour aider au lâcher-prise et favoriser l’introspection, sans subir le regard des autres.
L’autre particularité est de proposer du yoga sous lampes infrarouges. Cette technique, que j’ai découverte dans les Iyashi Dôme au Japon, permet de nettoyer le corps des toxines. Les rayons pénètrent sous la peau avec un puissant effet détox. Contrairement au yoga bikram, c’est une chaleur sèche, douce et réconfortante comme un soir d’été. En revanche, dès que le corps se met en mouvement, on transpire et on élimine.
Quels sont vos projets ?
H.D. Avec déjà une quinzaine de collaborateurs, on continue de s’agrandir, quitte à devoir pousser les murs des bureaux. La prochaine marche à gravir, probablement la plus haute, c’est de passer de la start-up à la grande entreprise. La crise sanitaire ne nous a pas épargnés. On a bataillé pour ne pas mourir en bonne santé. La plateforme de cours en ligne a permis d’agrandir notre communauté de yogi.
Avec près de 60 000 abonnés Instagram, c’est aujourd’hui l’une des plus importantes en France. Mon objectif est d’ouvrir d’autres studios à Paris et en grande couronne, pour que chaque Parisien puisse pratiquer dans son arrondissement. Nous venons d’inaugurer, à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, notre huitième salle près des Champs Élysées. 8 mars, huitième studio, 8e arrondissement… Il n’y a pas de hasard !
DATES & CHIFFRES CLES:
Propos recueillis par Sandrine Tournigand
Site internet : www.yuj.fr
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