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Éric Calmels

C’est une gymnastique de devoir produire un dessin d’actualité tous les jours, mais c’était la voie que je m’étais tracée.

En septembre dernier, la ville de Juvisy a accueilli sa dernière exposition, Traits d’ès prix, qui présente 120 portraits des écrivaines et écrivains prix Nobel de littérature. Rencontre avec ce sociétaire passionné.

Qu’est-ce qui vous a amené au dessin ?

 

Éric Calmels : Adolescent, j’étais plutôt attiré par le sport, l’aviron, l’escalade et la course à pied. En 2de, j’ai choisi une filière sport-études aviron. Mais j’ai toujours été fasciné par les caricatures. En terminale, j’ai retravaillé un dessin que j’avais réalisé plus jeune, et cela a été une révélation : j’allais être dessinateur.

 

À 19 ans, je suis devenu freelance dans le dessin de presse politique, puis la caricature. À 20 ans, j’ai rencontré Alain Grandremy, au Canard enchaîné, qui m’a proposé de présenter un dessin pour la réalisation, en 1990, d’un album d’Amnesty International, Cent dessins pour la liberté. Mon dessin a été retenu aux côtés de ceux de grands dessinateurs comme Cabu, Serre, Tomi Ungerer, Plantu, Mordillo et tant d’autres.

Comment avez-vous débuté ?

 

É.C. : Je me suis présenté au journal Le Hérisson, un hebdomadaire d’humour aujourd’hui disparu. Alain Moreuil, le rédacteur en chef, m’a reçu, a regardé mes dessins et a fait deux tas. Un pour lui et un qu’il m’a rendu en me disant de revenir la semaine suivante. C’est comme ça que tout a commencé. C’est une gymnastique de devoir produire un dessin d’actualité tous les jours, mais c’était la voie que je m’étais tracée. Je dessinais aussi pour des éditeurs et des agences de communication. J’ai par exemple réalisé un recueil d’illustrations pour Rover France dans les années 1990. J’ai ensuite rencontré quelqu’un chez Hachette, qui m’a orienté vers The Walt Disney Company. Cette aventure a duré plus d’une vingtaine d’années ; outre le fait de côtoyer de super dessinateurs, c’était une expérience stabilisante et rémunératrice qui m’a énormément appris.

Quelles ont été vos autres expériences marquantes ?

 

É.C. : La régie publicitaire MediaCorner m’a proposé de diffuser quotidiennement mes dessins sur l’actualité politique du moment; avec 12000 écrans implantés dans les commerces de proximité, cela offre une grande visibilité. Après plusieurs années, MediaCorner a arrêté la diffusion de ma rubrique du jour au lendemain et a remplacé mon dessin par de la vidéo. Je l’ai vécu comme un choc, alors j’ai pris la décision de cesser d’être un “mercenaire” du dessin, de diversifier mon activité et de me faire plaisir. C’est-à-dire de transmettre en donnant des cours de dessin et de BD dans des écoles d’art, à proximité de Juvisy où je réside, pour pouvoir me consacrer complètement à ma passion.

 

Et faire des expos; en 2012, ma première expo, Bal costumé pour l’Élysée, a eu lieu à Chilly-Mazarin et, dernièrement, Juvisy a produit Traits d’ès prix, qui présente les portraits de tous les prix Nobel de littérature, soit plus de 120 dessins. Mon père était passionné par la littérature et les livres, il y trouvait son bonheur. C’est sans doute pour cela que j’ai voulu faire ces portraits.

Quels sont les dessinateurs qui vous ont marqué ?

 

É.C. : J’ai côtoyé de grands dessinateurs, dont ceux de Charlie Hebdo aujourd’hui disparus, Wolinski, Tignous, Charb, Honoré et Cabu, mais aussi Loup, Blachon, etc. Chez Disney, des dessinateurs peu connus du grand public, mais très talentueux ont marqué ma pratique par leur travail, leurs conseils et leurs mots. Des dessinateurs étrangers aussi, comme Boligán, pour qui j’ai une grande admiration. Ils ont tous contribué par petites touches à faire de moi le dessinateur que je suis aujourd’hui et je les remercie.

 

Tout ce petit monde se retrouvait chaque année à l’occasion du Salon international du dessin de presse et d’humour, à Saint-Just-le-Martel, près de Limoges. C’est la capitale du dessin de presse et de la caricature, aussi renommée qu’Angoulême pour la BD. Une expérience et une ambiance extraordinaires ! J’ai une pensée pour Gérard Vandenbroucke, le fondateur, qui nous a quittés. Le salon est à son image : généreux, joyeux et intelligent !

Comment travaillez-vous ?

 

É. C. : J’ai juste besoin d’une table, d’une feuille et d’un crayon ! J’utilise un ordinateur seulement pour la mise en couleur de mes dessins. Elle me procure chaque fois une jubilation sans limite : le coloriage, c’est l’enfance! Un dessin me prend trois à quatre jours ; pour réaliser les 120 caricatures des prix Nobel, qui ont nécessité des recherches, cela a représenté 2000 heures de travail, soit deux ans de préparation. Je réserve toujours la primeur de mes expositions au salon de Saint-Just-le-Martel. Pour celle de Juvisy, j’ai contacté Robin Reda, député, et Lamia Bensarsa-Reda, maire de la ville. En parallèle, j’ai transmis mon projet à ma conseillère de la Caisse d’Épargne Île-de-France qui a fait une demande de partenariat auprès du siège.

Quels sont vos projets ?

 

É. C. : J’ai toujours rêvé de faire de la caricature, alors je continue ! Le prochain projet sur lequel je travaille est une exposition sur l’humanité en marche, son impact sur la Terre et ses répercussions sur le vivant. Le portrait et la caricature seront encore présents ; elle devrait avoir lieu en 2024.

BIO EXPRESS :

 

    • 1969 Naissance à Draveil (91)
    • 1989 Premiers dessins dans Le Hérisson
    • 1990 Première participation au Salon internation du dessin de presse et d’humour
    • 1995 Début de la collaboration avec Disney
    • 2012 1ère expo Bal costumé pour l’Élysée (Chilly-Mazarin)
    • 2015 Diffusion sur MediaCorner
    • 2017 Expo Drôles de champignons (Limoges)
    • 2020 Expo De la plume au crayon (Saint-Just-le-Martel et Limoges)
    • 2022 Expo Traits d’ès prix (Saint-Just-le-Martel)
    • 2023 Expo Traits d’ès prix (Juvisy)

Propos recueillis par Arielle DUFOUR

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