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Kamel Ouali

Derrière son parcours exemplaire, la passion de la danse, d’heureuses rencontres, le désir constant d’évoluer et… beaucoup de travail. Rencontre avec un artiste débordant de vie et d’amour.

De son enfance en Seine-Saint-Denis à la création du cabaret L’Oiseau Paradis au Paradis Latin, en passant par Star Academy et la création de célèbres comédies musicales, le danseur, chorégraphe et metteur en scène Kamel Ouali est né sous une bonne étoile.

ACTU : Le Roi Soleil, la comédie musicale culte, fête ses 20 ans.

La comédie musicale de Kamel Ouali et Dove Attia sera de retour le 4 décembre 2025 au Dôme de Paris-Palais des sports, avant une tournée dans tous les Zénith de France en 2026.  Emmanuel Moire reprend le rôle-titre.à Draveil (91).

Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance
en banlieue parisienne ?

 

Kamel Ouali : J’ai vécu dans une maison qui ressemblait à une cabane, dans une impasse en Seine-Saint-Denis, avec mes 11 frères et sœurs. Nous y avons vécu une vie chaleureuse, entourés de familles issues de l’immigration et de « Français de pure souche ». J’en garde des souvenirs heureux, jusqu’au jour où l’on nous a annoncé qu’on allait détruire notre maison pour construire le Stade de France. Un deuxième déracinement pour mes parents kabyles. Je me souviens de l’émotion ressentie au premier coup de masse : tous les habitants se sont pris la main. C’était déjà une chorégraphie. Si un jour je fais quelque chose là-bas, il faudra qu’il y ait du sens ; peut-être un spectacle autour de l’immigration.

Cette diversité est-elle essentielle pour vous ?

 

K. O. : Elle est d’une richesse inépuisable. Musulmans, chrétiens, juifs, on allait les uns chez les autres, on profitait des spécialités culinaires de chacun. Musulmans, nous allions au catéchisme, car on nous donnait une barre chocolatée ; d’autres nous disaient : « Tu fais le ramadan ? Tu me rapporteras des gâteaux ? » Il y avait beaucoup d’entraide. La diversité guide tous mes choix. Diversité de danseurs, que je souhaite d’origines, de tailles, de types corporels, de genres et d’âges différents ; diversité de musiques, de costumes, de danses…

Comment est née votre passion pour la danse ?

 

K. O. : Un jour, ma sœur, qui dansait à la MJC de La Courneuve, m’a emmené avec mes grands frères pour faire des essais pour un spectacle. La professeure m’a choisi : « Il faut que ce petit, qui a les yeux qui brillent, danse. ». Rentré à la maison, j’ai dit : « Je veux composer des pas de danse et les apprendre aux autres. Ce sera mon métier. » J’avais 10 ans, je ne connaissais pas le mot « chorégraphe ». Et là a commencé le premier complot familial avec la complicité de ma mère, qui m’a inscrit au cours de danse. Il n’était pas question, pour mon père, qu’un garçon danse. On lui disait que je faisais de la gym jusqu’à mon premier passage à la télévision, à 16 ans. « La prochaine fois, préviens-moi, que je dise à mes amis de regarder », m’a-t-il dit, très fier.

Vous avez enseigné la danse très jeune. À quel âge avez-vous commencé ?

 

K. O. : Très jeune, je regardais par la fenêtre les cours des écoles de danse privées parisiennes, auxquelles je n’avais pas accès. Je mémorisais les mouvements et les enseignais à mes amis. À 14 ans, j’ai remplacé ma professeure, ça a duré jusqu’à mes 20 ans. À 16 ans, j’ai été repéré par le chorégraphe Redha, qui m’a proposé de rejoindre sa troupe. J’y suis resté dix ans. J’ai donné des cours à l’Académie de la danse à Paris et aux conservatoires de La Courneuve et de Saint-Denis.

Les rencontres ont toujours joué un grand rôle dans votre vie. Quelques exemples ?

 

K. O. : Quand j’avais 15 ans, David Guetta, que j’avais rencontré en boîte, m’a proposé de chorégraphier Dance Machine sur M6. Cette apparition télévisuelle a facilité des liens avec des stars dont j’ai ensuite chorégraphié les clips (Mariah Carey, Céline Dion, Kylie Minogue, Charles Aznavour…). Grâce à Arielle Dombasle, qui m’a présenté à Élie Chouraqui, j’ai réalisé mon rêve de chorégraphier une comédie musicale. Élie et Pascal Obispo m’ont donné carte blanche pour Les Dix Commandements alors que je n’avais que 26 ans.

Star Academy vous a rendu célèbre. Comment l’avez-vous vécu ?

 

K. O. : J’ai été le professeur de danse de cette émission pendant huit ans. Grâce à sa notoriété, j’ai chorégraphié et créé des comédies musicales (Autant en emporte le vent, Dracula, Le Roi Soleil) et d’autres événements dans l’univers de la mode et du spectacle. Mon nom est devenu une marque et m’a donné accès à de grands scénographes d’opéra et costumiers.

Beaucoup de vos comédies musicales portent sur des thèmes historiques. Pourquoi ?

 

K. O. : Je suis fan d’histoire depuis tout petit. Un jour, j’ai fait un exposé sur la guerre de Cent Ans et j’ai eu zéro ! Pour la professeure, je n’avais pas pu le faire seul. Très jeune, j’ai projeté de faire des spectacles autour de Cléopâtre et de Louis XIV. J’étais fasciné par le personnage, son goût de la beauté, de la culture et des arts.

Quel est le secret du succès du cabaret L’Oiseau Paradis ?

 

K. O. : J’ai accepté la proposition de Walter Butler, le propriétaire du Paradis latin, à condition d’avoir carte blanche pour renouveler le genre, en intégrant de la diversité dans la troupe et en créant de la surprise. Dès son arrivée, le public est plongé dans un univers féérique et surréaliste. Le spectacle est sur scène et dans la salle. J’ai inséré des numéros d’acrobates et d’une performeuse tout en conservant l’iconique French Cancan et le grand final en blanc.

À quel point la transmission est-elle importante pour vous ?

 

K. O. : Très importante, mais elle ne passe plus par le professorat. Je forme de nouveaux assistants, je donne leur chance à des danseurs en leur faisant passer des castings sans consulter leur CV. Je n’oublie pas la chance que j’ai eue.

Qu’apporte la culture aux enfants et aux jeunes des banlieues ?

 

K. O. : C’est grâce à elle qu’ils s’échappent de leur quotidien. La culture, c’est une vision de ce que l’on vit, parfois une mise en beauté, parfois une révélation cruelle. C’est un mode de communication à part entière, aussi important que la politique.

Quels conseils pourriez-vous donner à de jeunes artistes ?

 

K. O. : De beaucoup travailler, de sortir de leur zone de confort, de toujours évoluer et d’avoir le désir d’apprendre. Fais ton métier d’abord, la célébrité viendra peut-être. J’ai eu la chance d’être né sous une bonne étoile, mais, derrière, il y a beaucoup de travail et je n’ai pas hésité à saisir des opportunités.

Propos recueillis par Marie-Laure WALLON

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